Quand l'Art s'invite au Sahara

En novembre dernier, après deux semaines dans le Grand Erg Oriental, nous retournions dans nos petites dunes chéries pour un séjour sur le thème de l’art intuitif. Mais l’Art s’invite-t-il réellement, ou n’est-il pas déjà omniprésent dans le désert ?

Le Sahara est une œuvre d’art en soi, une toile vivante qui se métamorphose au gré des saisons, de la lumière et des cycles de la faune et de la flore. Certes, l’artiste n’a utilisé qu’un camaïeu de beige, mais n’est-ce pas précisément ce dépouillement qui en fait toute la grandeur et la splendeur ?

Le vent sculpte les dunes, leur offrant des courbes tantôt arrondies, tantôt acérées. Il glisse sur elles avec finesse, traçant des crêtes et des creux parfaitement alignés. Sous son souffle, le sable se pare de rides ondulées, évoquant de petites vagues disposées en lignes parallèles. Chaque motif naît d’un dialogue intime entre le sable, le vent et les caprices des conditions environnantes. Toujours changeants, ces dessins éphémères transforment sans cesse le désert en une toile vivante.

Chaque matin, le désert dévoile une œuvre d’art tissée par sa faune nocturne. Les empreintes des scarabées, des gerboises et des chacals tracent des arabesques délicates, semblables à une dentelle fine posée sur le sable. De subtils zigzags, des spirales et des lignes ondulées s’entrelacent, racontant les histoires invisibles de la nuit.

À la tombée du jour, un autre spectacle prend vie. Le coucher du soleilembrase l’horizon de nuances d’or, d’orange et de pourpre. Les dunes, baignées de lumière, scintillent comme des vagues de feu. À mesure que le soleil descend, les ombres dansent, sculptant des reliefs mystérieux. Dans un ultime éclat rougeoyant, il s’efface, laissant le désert s’endormir sous un voile de mauve et de bleu, dans un silence empreint de magie.

Tant d’autres éléments, des ombres changeantes aux étoiles scintillantes aux roses des sables, viennent façonner le désert et composer une véritable œuvre d’art vivante, en perpétuel mouvement.

Le désert, avec son caractère brut et sa beauté changeante, est un véritable sanctuaire pour l'expression artistique intuitive. Loin du tumulte quotidien, son silence invite à l'introspection, à écouter son intuition et à créer sans contraintes. Les éléments du désert deviennent des sources d’inspiration et des outils pour des œuvres spontanées et éphémères : dessiner sur le sable, jouer avec les ombres, ou peindre les couleurs du crépuscule….Dans ce cadre brut et grandiose, chaque geste créatif devient une célébration du moment présent. Le désert, en perpétuel mouvement, nous rappelle que l’art n’est pas seulement une expression figée, mais un dialogue vivant entre l’artiste et son environnement.

Oeuvre de Maëlle Gosnet, 2024

Oeuvre de Wissem Benali, 2024